Description : L'article porte sur l'origine des divergences entre les normes véhiculées par les
campagnes de santé, les aspirations du personnel hospitalier et celles de patientes
atteintes d'un cancer du sein. Fondé sur une étude qualitative, il souligne plusieurs
décalages généralement peu investigués dans les travaux recensés. Ainsi, le discours
dominant exhortant les malades à combattre la maladie et à rester sereins s'accorde
mal avec les fluctuations du « moral » et l'épuisement éprouvés par les personnes
interviewées, quelle que soit l'évolution de leur pathologie. De plus, elles réagissent
en fonction de leur propre expérience de vie et la plupart cherchent à rester elles-mêmes
« malgré tout ». Aussi, il leur est vital de choisir leurs soutiens et de retrouver
des sensations agréables éprouvées avant la maladie. L'étude souligne alors un paradoxe
: ce sont les patientes qui adhèrent le plus aux normes du « bon malade » qui expriment
le plus de difficultés à composer avec la maladie, puis à l'oublier, ou à envisager
la mort.;