Description : Les thérapies complémentaires ont-elles une place dans les hôpitaux publics ? Telle
est la question que posent les auteurs après l’apparition de ces techniques dans la
pratique de plusieurs établissements. Les revues et méta-analyses d’essais cliniques
contrôlés montrent que l’acupuncture, la médecine manuelle-ostéopathie et l’hypnose
(thérapies les plus pratiquées dans les hôpitaux de Paris) ne font preuve d’utilité
que dans un nombre restreint de situations : lombalgies, cervicalgies, certaines céphalées
(acupuncture et manipulations du rachis), nausées et vomissements de la chimiothérapie
anticancéreuse (acupuncture et hypnose), prévention de la douleur liée aux soins chez
l’enfant (hypnose). De même le tai-chi paraît efficace pour la prévention des chutes
et l’amélioration de l’équilibre chez les personnes âgées. Toutefois l’avantage de
ces méthodes par rapport aux soins de référence est peu ou non significatif, et quand
une intervention placebo est réalisable (acupuncture, certaines manipulations) la
thérapie authentique n’est pas supérieure à la thérapie simulée. L’effet placebo pourrait
donc être le mécanisme commun d’action de ces thérapies. Malgré ces limites, les thérapies
complémentaires sont très appréciées du public et la plupart des facultés de médecine
françaises leur consacrent des enseignements optionnels de troisième cycle. Les hôpitaux
publics, et notamment les CHU et les centres d’oncologie, ne peuvent donc être critiqués
d’accorder à ces pratiques une place dans leur offre de soins. Les auteurs émettent
cependant plusieurs recommandations afin que, en adoptant ces thérapies, l’hôpital
soit perçu non comme garant de leur efficacité, mais comme lieu d’exemplarité de leur
pratique et espace ouvert à la recherche et à l’évaluation objective et rigoureuse
du bénéfice qu’elles apportent au patient. Ils rappellent à ce titre que ces thérapies
ne sont que des méthodes adjuvantes, pouvant compléter les moyens de la médecine conventionnelle,
mais ne pouvant s’y substituer.;