Description : Les dysthyroïdies frustes (DF) ou infracliniques sont définies par une anomalie isolée
de la TSH, augmentation ou diminution, contrastant avec des concentrations plasmatiques
des hormones thyroïdiennes normales. Depuis la diffusion très large en soins primaires
et à l'hôpital de la pratique des bilans thyroïdiens même en l'absence de signes cliniques
évocateurs, les DF sont devenus un problème très fréquent dont la prise en charge
reste débattue. Seules les TSH isolément perturbées de façon durable (plusieurs semaines
au minimum) rentrent dans le cadre des DF. Par définition, les DF sont asymptomatiques
ou pauci-symptomatiques. La question principale est donc plutôt celle d'un risque
à long terme, qui pourrait justifier une prise en charge thérapeutique précoce. Pour
l'hyperthyroïdie fruste, chez le sujet de plus de 50 ou 60 ans, le seul risque bien
démontré est le passage en fibrillation auriculaire (de l'ordre de trois fois celui
de sujets du même âge euthyroïdiens). Il n'est cependant pas prouvé que le traitement
de l'hyperthyroïdie fruste, qui dans la majorité des cas aboutit à une hypothyroïdie
définitive, permettrait de réduire le risque de trouble du rythme. En ce qui concerne
l'hypothyroïdie fruste, aucune conséquence à long terme n'est clairement établie et
la question du traitement substitutif dépend surtout de l'évaluation du risque d'évolution
vers une hypothyroïdie avérée. L'élévation de la TSH au-dessus de 10 mU/L et la présence
d'anticorps anti-TPO sont dans ce cadre les meilleurs facteurs prédictifs. Compte
tenu de la fréquence des DF et de l'impact potentiel en terme de santé publique, des
essais thérapeutiques sont nécessaires pour évaluer l'intérêt de leur traitement.;