Description : Le vieillissement de la population nous amène à imaginer de nouvelles approches pour
promouvoir la santé et le bien-être à un âge avancé. Les liens sociaux et la mobilité
quotidienne jouent potentiellement un rôle important, mais ces dynamiques sont actuellement
mal comprises. Cette thèse vise à explorer comment les réseaux sociaux des aînés s'intègrent
dans leurs espaces d'activité, et comment les relations sociales, inscrites dans l'environnement
spatial, sont associées au bien-être. La thèse explore les données de l’étude CURHA
collectées au Québec au sein de la cohorte NuAge. La population d’étude comprend
183 aînés âgés de 79 ans et plus enquêtés en 2014 et 2015, habitant dans les régions
de Montréal et Sherbrooke. Le premier volet de cette thèse est de nature méthodologique,
et concerne le développement d’un module de questionnaire cartographique interactif
permettant de recueillir à la fois des lieux d’activité réguliers et des relations
sociales, ces deux niveaux d'information connectés en fonction des “personnes vues
dans les lieux d’activités”. Ces données ont été représentées en réseaux bipartites,
ce qui a permis de distinguer des structures en étoile formées d’un nœud central connecté
à un ensemble de nœuds périphériques. Ces structures identifient d’une part un lieu
où l’aîné voit plusieurs personnes, qui pour la plupart, ne sont rencontrées qu’en
ce lieu, et d’autre part une personne centrale avec qui plusieurs activités sont réalisées,
de manière relativement exclusive. Le deuxième volet de la thèse porte sur les
liens entre les relations sociales et le bien-être émotionnel. Les relations sociales
peuvent être catégorisées en relations proches, personnelles, ou de camaraderie. Le
nombre de camarades et la présence d’une relation proche sont positivement associés
au niveau de bien-être émotionnel, tandis que le nombre de relations personnelles
est associé négativement au bien-être émotionnel. Le dernier volet décrit de manière
plus détaillée la distribution des catégories de relations sociales au sein des structures
en étoiles identifiées dans les réseaux bipartites. Les relations proches représentent
la majorité des personnes qui sont rencontrées ou qui accompagnent les personnes
âgées dans un grand nombre de lieux d’activités. La résidence primaire est un lieu
de socialisation importante, tandis que les lieux non résidentiels semblent servir
de cadre privilégié aux relations de groupes. Les relations personnelles sont plus
fréquentes au domicile des participants que dans les autres lieux d'activités.
Cette thèse montre que l'analyse de réseau offre un cadre utile pour étudier les relations
sociales en rapport avec l'environnement géospatial. Elle met en lumière la concentration
de la vie sociale des aînés dans un nombre restreint de lieux d’activités, ainsi que
la distribution spatiale différentielle de catégories de relations sociales spécifiquement
associée au bien-être émotionnel. Ces approches peuvent soutenir la compréhension
des influences socio-environnementales et favoriser la santé et le bien-être des aînés.;