Description : L'emploi massif de pesticides dans le monde entraîne une pollution de tous les milieux
et une contamination des denrées alimentaires par de multiples résidus. De nombreuses
études épidémiologiques montrent des corrélations entre une forte exposition aux pesticides
et des pathologies neurodéveloppementales comme l’autisme ou le trouble du déficit
de l'attention avec ou sans hyperactivité. Le neurodéveloppement correspond à une
période de susceptibilité aux polluants environnementaux et selon l’hypothèse d’Arendt,
des altérations au cours du neurodéveloppement, et en particulier la corticogénèse,
pourraient avoir des répercussions sur le vieillissement du cerveau en favorisant
le développement de maladie neurodégénératives. Cependant, il est difficile d’un point
de vue épidémiologique de déterminer l’impact d’une exposition in utero aux faibles
doses de pesticides et tout au long de la vie sur le cerveau humain. Il est donc important
de mimer cette contamination silencieuse sur des modèles animaux. Après avoir montré
qu’une exposition chronique à de faibles doses de fongicides (cyprodinil, mépanipyrim,
pyriméthanil) induisait une aggravation des marqueurs de la maladie d’Alzheimer (MA)
dans le modèle de souris transgénique J20, nous nous sommes demandés si une exposition
in utero à ces mêmes composés pouvait induire des défauts neurodéveloppementaux et
si ces défauts pouvaient conduire au cours du vieillissement à une dérégulation des
marqueurs de la MA. Partant de cette hypothèse, nous avons mis en place un modèle
de contamination mère-enfant, dans lequel des femelles sauvages ont été exposées durant
la gestation, soit à un fongicide seul, soit au cocktail des trois fongicides (cyprodinil,
mépanipyrim et pyriméthanil) à la dose de 0.1 μg/L/pesticide (dose réglementaire autorisée
dans l’eau du robinet en Europe). Une première étude du cerveau des nouveau-nés, à
3 jours post-natal (P3), a montré que l’exposition gestationnelle aux fon gicides
a un impact sur la neurogenèse avec une augmentation des précurseurs neuraux et des
neurones immatures, et une diminution des neurones matures, en lien avec la voie de
signalisation PI3K/Akt et Wnt/β-caténine. [...];