Description : Les populations autochtones au Canada, comme partout dans le monde, sont moins en
santé que leur contrepartie non autochtone. La médecine traditionnelle, notamment
pour les populations autochtones, offre une avenue intéressante à une amélioration
de leur santé et elle peut être mise en place dans les programmes de santé publique.
Par la notion de culture inscrite dans la MT, celle-ci permet d’offrir des soins culturellement
adaptés. Bien que de nombreux avantages découlent de la combinaison des médecines,
la combinaison dans un contexte de soins primaires présente des défis. À ce jour,
il semble que les organisations de santé aient des difficultés à bien arrimer ces
deux approches de soins. L’objectif général de cette étude consiste à comprendre
et analyser la dynamique d’interactions ayant cours entre les acteurs qui participent
à la conception, au développement et à la planification d’une offre de soins et services
qui permette une combinaison des MT et la MA. Cette recherche qualitative avec cas
multiples est menée dans deux communautés autochtones du Québec, de nations ilnue
et crie, ayant des caractéristiques variées. Les données proviennent d’entrevues individuelles
et d’ateliers de transfert de connaissances réalisés auprès des aînés et guérisseurs,
des patients, des professionnels et des administrateurs de la santé, ainsi que de
documents écrits et d’observations sur le terrain. Le cadre conceptuel s’appuie sur
l’analyse stratégique de Crozier et Friedberg (1977) et sur le système des professions
d’Abbott (1988). Cette recherche met en évidence les multiples dimensions ayant un
impact sur une offre de soins combinés. Ces dernières peuvent entre autres être liées
à la culture comme les modes de transmission du savoir, et aux contextes organisationnel,
administratif, réglementaire et même géographique. De plus, la compréhension des enjeux
et des stratégies des parties prenantes permet de mieux comprendre l’organisation
de chacun des deux mondes. Nos résultats montrent que, dans les deux cas à l’étude,
la combinaison des deux médecines est coordonnée par le patient (modèle du patient
coordonnateur). Mais dans un des cas, le patient est davantage soutenu dans sa trajectoire
de soins. Une meilleure compréhension des dynamiques d’interaction entre les parties
prenantes permet d’avoir un impact sur une offre des soins mixtes améliorant la santé
des autochtones. Cette étude soutient le développement d’un modèle de soins qui met
de l’avant les médecines traditionnelles et suscite une réflexion sur les facteurs
qui influencent la mise en œuvre d’une combinaison des médecines.;