Description : La douleur aiguë est un symptôme permettant de mettre en oeuvre une réponse face à
une agression. La douleur chronique peut être comparée à une sonnette d’alarme qu’on
ne parviendrait plus à éteindre. Elle perd sa ‘finalité’ de signal d’alarme et elle
devient une maladie en tant que telle, qu’elle que soit son origine. Les médecins
généralistes voient de plus en plus arriver dans leurs cabinets des patients présentant
des douleurs chroniques. Si les causes sont parfois identifiables, d’autres fois,
elles sont inexplicables. Les professionnels de la santé peuvent alors être confrontés
à un sentiment d’impuissance. Plusieurs études quantitatives rapportent la survenue
d’événements traumatiques dans la vie des patients ayant des douleurs chroniques.
Y a-t-il un lien entre les événements de vie traumatiques et les douleurs chroniques
? Nous avons donc décidé de faire une étude qualitative en réalisant des entretiens
semi-compréhensifs auprès de 20 patients présentant des douleurs chroniques en échec
thérapeutique. Ces entretiens ont ensuite été analysés selon une méthode de théorisation
ancrée. Notre étude montre des éléments biographiques communs chez ces patients. Il
s’agit de la survenue d’événements traumatiques (viols, maltraitance physique ou psychologique,
violences conjugales, deuils compliqués) ou difficiles (harcèlement, fausse couche,
proche malade) au cours de leurs vie mais aussi la présence de carences précoces notamment
des carences affectives maternelles dans un environnement familial instable, lieu
de conflit et de ruptures. Le lien chronologique entre la survenue de ces événements
et le développement des douleurs n’est présent que chez quelques patients. La majeure
partie d’entre eux ont d’ailleurs des difficultés à reconnaître un lien entre les
deux. Il semble donc exister un lien entre ces événements et la survenue des douleurs
chroniques mais la nature de celui-ci est plus difficile à établir. La présence d’un
lien temporel n’est pas la règle. Il existe cependant plusieurs approches possibles
pour tenter de l’expliquer : psychanalytiques mais aussi neurophysiologiques avec
le concept de mémoire douloureuse.;