Description : Cet article, à travers un bilan des recherches sociologiques et épidémiologiques conduites
ces dernières années en France, interroge la relative stabilité du recours à l'IVG
dans un contexte de large diffusion de la contraception moderne. Ce résultat apparemment
paradoxal s'explique par un double mouvement : certes, la contraception a permis de
diminuer le nombre de grossesses non prévues mais, quand il y a un échec de la contraception,
face à une grossesse non prévue, les femmes choisissent plus souvent d'interrompre
leur grossesse qu'il y a trente ans. Ces données rendent d'abord compte des transformations
des trajectoires féminines, tant affectives que professionnelles, qui se caractérisent,
notamment, par le retard à la première maternité. La contraception moderne qui permet
à la femme (et au couple) de décider du meilleur moment de l'arrivée d'un enfant a
profondément modifié la norme procréative, c'est-à-dire les conditions socialement
valorisées pour avoir un enfant, en vigueur dans les années 1970. Et le respect de
cette norme implique pour nombre de femmes, en cas d'échec contraceptif, de recourir
à l'IVG si elles ne souhaitent pas entrer si jeunes dans la parentalité ou si les
conditions d'accueil d'un enfant ne sont pas jugées satisfaisantes.;