Conditions de travail et plaintes ostéo-articulaires des membres supérieurs chez le personnel féminin des EHPAD
Auteur C. Pélissier
Auteur E. Fort
Auteur L. Fontana
Auteur B. Charbotel
Volume 75
Numéro 3
Pages 328-329
Publication Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement
ISSN 1775-8785
Date juin 2014
Resume Introduction.– Les plaintes ostéo-articulaires des membres supérieurs représentent la première cause d’accident du travail et de Maladie Professionnelle chez le personnel des maisons de retraite. Celui-ci est soumis à des contraintes physiques et psychiques professionnelles élevées du fait notamment de la prise en charge de résidents de plus en plus dépendants et polypathologiques. Une enquête transversale descriptive a été menée par 78 médecins au sein de 105 maisons de retraite médicalisées de la région Rhône Alpes de septembre 2009 à octobre 2010 sur les conditions de travail et la santé des salariés travaillant dans les maisons de retraites médicalisées (EHPAD).
Objectif.– L’objectif de l’analyse que nous présentons est de préciser les relations entre les plaintes ostéo-articulaires des membres supérieurs du personnel féminin des EPHAD et leurs conditions de travail en distinguant les facteurs biomécaniques, les facteurs psychosociaux, et ceux liés au rythme de travail.
Matériel et méthodes.– Les salariés ont répondu à un questionnaire sur leurs perceptions des conditions de travail ainsi que sur leur état de santé. Les contraintes psychosociales au travail ont été évaluées à partir du questionnaire de Siegrist et les troubles ostéo-articulaires à l’aide du questionnaire nordique. Seules les réponses des femmes salariées travaillant auprès des personnes âgées depuis au moins 6 mois et au moins à mi-temps ont été prises en compte dans l’analyse des Résultats.
Résultats.– Deux mille quatre cent soixante et onze salariés dont 668 agents de service, 1454 aides-soignantes et 349 infirmières ont été inclus. Dans les douze derniers mois, 38 % (916) des femmes ont présenté une plainte au niveau des épaules, 10,4 % (250) une plainte au niveau des coudes et 22,6 % (542) une plainte au niveau des poignets. Le statut de titulaire, un nombre élevé de toilettes fait seul, l’ancienneté dans l’établissement ou auprès des personnes âgées, un déséquilibre effort/récompense, des efforts intrinsèques élevés apparaissent significativement liés aux plaintes ostéo-articulaires des épaules, du coude et des poignets. Le travail de nuit, la durée hebdomadaire de travail, les horaires de travail, le niveau moyen de dépendance des personnes âgées de l’établissement, et le suivi d’une formation à la manutention, n’apparaissent pas significativement liées à la survenue de plaintes ostéo-articulaires des membres supérieurs. Après prise en compte des facteurs physiques et psychosociaux professionnels et ajustement sur les facteurs individuels (âge, nombre d’enfants, niveau d’étude), les facteurs psychosociaux restent significativement liés aux plaintes ostéo-articulaires des membres supérieurs quelle que soit la localisation.
Discussion et conclusion.– Cette étude souligne l’importance de l’association entre les plaintes ostéo-articulaires des membres supérieurs et les facteurs psychosociaux après prise en compte des facteurs physiques professionnels et des facteurs individuels chez le personnel féminin des maisons de retraite. La prévention des plaintes ostéo-articulaires des membres supérieurs d’origine professionnelle devrait ainsi s’appuyer sur des mesures visant à diminuer l’exposition aux contraintes psychosociales.
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doi:10.1016/j.admp.2014.03.209
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