L'incidence des aspergilloses invasives (AI) est en augmentation depuis une quinzaine d'années, surtout chez les malades traités pour leucémies ou ayant reçu une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH). Pour les malades traités pour une tumeur solide le risque est inférieur à 1 à 2 %, pour une leucémie aiguë, il se situe aux alentours de 2 à 10 % et pour les malades allogreffés de 5 à 25 %. L'AI est devenue dans beaucoup de centres d'allogreffes la principale cause de mortalité infectieuse. La contamination se fait par inhalation des spores. Les moyens de défense sont le tapis muco-ciliaire des voies aériennes d'une part, et d'autre part et surtout, les macrophages alvéolaires pulmonaires (dont l'activité est supprimée par la cortisone), qui détruisent les spores et les polynucléaires qui détruisent les hyphes. Cela explique l'existence de deux cadres de risque distincts. En situation de neutropénie simple (leucémies aiguës, autogreffes etc.), le facteur de risque essentiel est la neutropénie prolongée. Après allogreffe de CSH, l'AI est le plus souvent un événement tardif, survenant deux à six mois après celle-ci, alors que le malade est complètement sorti d'aplasie mais présente une réaction du greffon contre l'hôte évolutive.