Faut-il réaliser une scintigraphie à l'arrêt du traitement anticoagulant pour embolie pulmonaire aiguë ?
Auteurs : WARTSKI M1, COLLIGNON M2La place de la scintigraphie de contrôle après embolie pulmonaire aiguë (EPA) n'est pas bien définie. Ni son utilité, ni le délai optimal de sa réalisation, ni les facteurs influençant la récupération de la perfusion ne se dégagent clairement de l'ensemble des études disponibles dans la littérature. Nous avons étudié par scintigraphie pulmonaire de perfusion (SPP) l'évolution de la perfusion pulmonaire chez 157 patients. L'obstruction vasculaire estimée par scintigraphie (PVOs) était calculée au moment du diagnostic de l'EPA (PVOsJ1), après 8 jours (PVOsJ8) et après 3 mois (PVOsM3) de traitement anticoagulant. Les pourcentages de reperfusion relative à J8 et à M3, par rapport à Jl, étaient également calculés. Le PVOsJ1 était égal à 49 % ± 20 %, le PVOsJ8 à 29 % ± 18 % et le PVOsM3 à 19% ± 18 %. A M3, la scintigraphie était normale (PVOs ≤ 5 %) chez 34 % des patients; 13 patients présentaient une obstruction résiduelle ≥ 50%. La reperfusion n'était pas corrélée à l'âge. L'obstruction résiduelle était corrélée à l'importance de l'obstruction initiale. La reperfusion relative à 3 mois versus Jl n'était pas corrélée à l'importance de l'obstruction initiale ni à la sévérité clinique à l'inclusion; elle était plus basse chez les patients avec antécédents cardio-respiratoires. Conformément aux recommandations de l'ACPP (Consensus Committee on Pulmonary Embolism), une SPP de contrôle, réalisée à la fin du traitement anticoagulant, est, à notre avis, d'un intérêt majeur, même chez les patients asymptomatiques. Elle servira de document de référence, facilitant ainsi le diagnostic d'une éventuelle récidive embolique. Elle permettra également de dépister les patients susceptibles d'évoluer vers un coeur pulmonaire chronique post-embolique.