On a coutume d'appeler fièvres hémorragiques virales (FHV) une douzaine d'affections fébriles aiguës sévissant en majorité dans les régions tropicales et parfois responsables de graves épidémies, assez souvent mortelles; l'expression clinique est variable, les hémorragies ne dominent pas toujours la scène; les cas bénins, voire asymptomatiques, ne sont pas rares. Les virus qui les provoquent appartiennent à au moins cinq familles différentes. On peut distinguer les FHV par leur agent causal, ainsi que par leurs caractères épidémiologiques. Les FHV non transmises par un arthropode, seules envisagées ici, peuvent être séparées en deux groupes: - Les FHV dont le réservoir de virus est un rongeur et dont l'agent causal est soit un Arenavirus (fièvre de Lassa, fièvres hémorragiques d'Argentine, de Bolivie, du Venezuela, fièvre à virus Sabia), soit un Hantavirus (fièvres hémorragiques avec syndrome rénal, syndrome pulmonaire à Hantavirus). Dans tous les cas, les rongeurs font une infection virale persistante asymptomatique au cours de laquelle de grandes quantités de virus sont excrétées dans la salive, les urines, les excréments. La contamination humaine se fait par contact direct ou par l'inhalation des poussières souillées. Le virus se transmet ensuite aisément d'homme à homme. - Les FHV dont le réservoir est inconnu: maladie de Marbourg et fièvre d'Ebola, causées par des Filovirus. La transmission se fait par contact direct interhumain, mais ne semble pas due à la voie aérienne. Selon les cas, on peut observer des épidémies rurales saisonnières, des épidémies intrahospitalières, des cas sporadiques. Le diagnostic repose sur l'isolement et l'identification du virus et surtout sur la sérologie: immunofluorescence, ELISA, séroneutralisation. Le traitement est essentiellement symptomatique. Sérum de convalescent et ribavirine ont été utilisés avec des succès divers. Un vaccin est envisagé pour la fièvre hémorragique d'Argentine. Dans la mesure où les rongeurs sont impliqués, la prophylaxie repose sur la lutte contre ceux-ci et surtout sur les mesures d'hygiène visant à éviter leur contact et les souillures par leurs déjections. Le taux de létalité très élevé des FHV et une contagiosité interhumaine importante imposent des mesures d'isolement très strictes des malades et le traitement des prélèvements en vue du diagnostic dans des laboratoires de très haute sécurité.