Bilan thyroïdien dans une population âgée vivant à domicile
Auteurs : GOICHOT B1, SCHLIENGER J1, SAPIN R2Le profil thyroïdien des personnes âgées ambulatoires n'ayant pas d'affection évolutive caractérisée est encore mal précisé et la controverse demeure quant à l'effet de l'âge sur la fonction thyroïdienne. Le but de ce travail mené chez 420 personnes âgées de 65 à 96 ans, tirées au sort sur une liste électorale domiciliées dans un même département est de préciser le profil thyroïdien, d'estimer la prévalence des dysthyroïdies et d'analyser l'effet des paramètres nutritionnels et de santé sur la concentration hormonale. Une enquête alimentaire prospective (carnet de 3 jours), une évaluation de l'état nutritionnel et un examen biomédical sont effectués au domicile des personnes âgées avec un taux de participation de 52 %. La prévalence de l'hypothyroïdie est de 2,1 % et celle de l'hyperthyroïdie de 4,1 % (dont la moitié a des valeurs de T4 L et de T3 L normales). Seuls 11 sujets ont un taux de T3 L bas alors que 21 sujets ont une élévation de rT3 isolée. L'âge détermine une diminution de la T3 L - bien que restant dans les limites de la normale - et une élévation de rT3 indépendamment du maintien d'un apport énergétique et nutrimentiel satisfaisant. Les taux de T3 L sont plus bas chez les sujets ayant un état de santé médiocre alors que les taux de rT3 sont associés à un apport énergétique insuffisant chez les hommes. La régression multiple ascendante attribue à l'hémoglobine, l'âge et la préalbumine un certain pouvoir prédictif de la concentration de T3 L; l'âge et l'apport énergétique sont des prédicteurs de la rT3. Un groupe ayant une élévation isolée de rT3, caractérisé par un faible apport énergétique a pu être individualisé mais d'autres études sont nécessaires pour préciser la valeur et l'intérêt du dosage de rT3 comme indicateur des apports alimentaires.