Qualité de vie et expertise médicale. Le point de vue du psychiatre
Auteurs : AUBAT F1Tout le monde s'accorde à considérer que l'évaluation de la qualité de vie ne peut se faire qu'à travers une lecture multidimensionnelle. Au-delà du fonctionnement physiologique harmonieux auquel chaque sujet est légitimement attaché apparaissent des préoccupations plus « subjectives » qui en disent long sur la complexité que l'homme noue avec sa propre personne, les autres et son environnement. Son champ de conscience et le plaisir qu'il prend à goûter à l'existence sont sans cesse nourris ou parasités par l'idée qu'il se fait de lui-même (et de l'image qu'il renvoie aux autres) ; par sa capacité à nouer du lien social, affectif ou sexuel ; par son aptitude à produire ou à créer (y compris dans l'espace de l'imaginaire) ; par la pleine disposition qu'il a de son appareil psychique ; par la tonalité globale de son humeur et enfin par la tension que génère habituellement l'angoisse dans le registre de ses « préoccupations ». La structuration de la personnalité de base qui soutient en grande partie son « système de valeur » est le paramètre supplémentaire qui donne à l'approche de la qualité de vie d'un sujet sa coloration spécifique et sa singularité. L'homme blessé, souffrant, doit être interrogé au plus profond de sa subjectivité et dans le droit-fil de sa trajectoire existentielle, pour que sa douleur morale soit véritablement prise en compte. L'évaluation de sa qualité de vie oblige à ce détour patient et minutieux que l'expert psychiatre se doit d'emprunter.