Jenny Aubry (1903-1987) a été la deuxième femme médecin des Hôpitaux de Paris en 1939. Elle a une formation de pédiatre et de neurologue. En 1945, elle reçoit la médaille de la Résistance pour avoir caché des enfants et du personnel juifs dans l'Institution pour enfants surdoués dont elle était le médecin. Elle a aussi évité le « travail obligatoire » en Allemagne à de jeunes Français en leur faisant des certificats de tuberculose confirmée. Dès 1948, rencontrant Anna Freud, elle s'intéresse à la psychanalyse et s'engage dans cette discipline. Elle termine sa formation avec Lacan, à l'enseignement duquel elle reste fidèle, lors des différentes scissions. Elle a créé pour les enfants abandonnés ou dont les parents étaient incapables de les élever, un placement familial spécialisé, les enfants non seulement y bénéficiant d'accueil dans des familles, mais aussi de traitements psychanalytiques. Elle a été la première à introduire un instituteur dans un service de pédiatrie. Elle s'intéresse aux crèches du personnel des Hôpitaux, en rend l'ambiance plus attrayante par les peintures, le mobilier, l'augmentation du personnel. Ce qu'elle fera également dans les différents services de pédiatrie qu'elle dirigera. Mais surtout, elle n'a de cesse d'allier pédiatrie et psychanalyse. Dans son dernier service à l'Hôpital des Enfants Malades, elle crée une consultation de psychanalyse, pédiatres et psychanalystes se côtoient quotidiennement aux lits des petits malades, lors des consultations. Elle forme ses élèves, son personnel infirmier à l'écoute des enfants, des parents. Elle montra la dimension psychologique de l'éclosion de bien des maladies, de ces maladies elles-mêmes. Elle obtient de l'Administration que les parents puissent venir à l'Hôpital tout au long de la journée, nourrissent leurs enfants, restent présents pour leur endormissement. Elle évite au maximum la séparation parents-enfants. Retraitée près d'Aix-en-Provence, elle développe la psychanalyse dans le Sud-Est. Elle écrit avec ses élèves des articles, donne des sujets de thèse, elle fait des films sur les enfants abandonnés, écrit un livre sur l'Enfance abandonnée, trois fois réédité.