Quelle prise en charge psychologique pour les patients âgés atteints de cancer ? Les propositions de la Société française de psycho-oncologie
Auteurs : DAUCHY S1, LEGER I1, DES GUETZ G2, ELLIEN F3, TIDJANI L2, ZELEK L2, CHARLES C1, DESCLAUX B4, SPANO J5La fragilité spécifique des sujets âgés les rend plus vulnérables aux différents stress entraînés par la maladie cancéreuse et ses traitements. Cette vulnérabilité, multifactorielle, rend plus complexe leur adaptation psychologique, d'autant plus que la maladie entraîne une perte d'autonomie parfois non réversible. Les difficultés émotionnelles et les troubles cognitifs sont plus fréquents, ce qui peut impacter les échanges d'information et les processus décisionnels et favoriser un risque de perte de chance oncologique. À l'occasion du 27e Congrès de la Société française de psycho-oncologie, dédié aux aspects psychologiques de la prise en charge des patients âgés atteints de cancer, un groupe de travail multidisciplinaire composé d'experts dans le champ de la psychiatrie, de la neuropsychologie, de la gériatrie, de l'oncologie, de l'oncogériatrie, a travaillé à écrire les recommandations de prise en charge suivantes, discutées et validées ensuite lors d'une session spécifique durant le congrès. Elles préconisent de compléter l'évaluation de la fragilité spécifique du sujet âgé, incluant les troubles cognitifs, par une évaluation de son état émotionnel et de sa vulnérabilité psychiatrique éventuelle. L'identification des ressources de santé et des ressources sociales et familiales permettra à la fois de connaître les soutiens possibles pour la personne, mais aussi de repérer d'éventuels besoins d'aide de l'entourage lui-même. L'évaluation psycho-oncologique sera autant que possible réalisée par un professionnel du soin psychique, et devrait être systématique lors de la phase d'annonce, à chaque phase de modification thérapeutique et à l'issue des traitements. Elle doit être tracée dans le dossier médical. L'accès du patient âgé à des prises en charge psycho-oncologiques de qualité doit être assuré, y compris par l'adaptation de ces prises en charge, psychothérapeutiques comme médicamenteuses. Une action d'éducation aux soins psychiques peut être nécessaire pour favoriser cette accessibilité. Un haut degré de collaboration avec les soignants est nécessaire, tout comme une formation adéquate de ceux-ci aux particularités psychiques de la prise en charge de ces patients. Enfin, des actions de recherche devront être facilitées, dans les domaines de l'adaptation de l'évaluation et des prises en charge, comme sur la place de l'âge dans le système de soins oncologiques et sa prise en compte par les soignants ou le corps social.