Aujourd'hui la psychanalyse est attaquée de toutes parts. Nous vivons dans un monde de moins en moins humain où l'idéologie du management, nouvel ordre de fer anonyme est par définition l'ennemi des praticiens que nous sommes, puisqu'elle transforme les personnes en objets. Il nous faut à la fois batailler: contre une modernité aux idéaux de transparence, d'hyper précaution et de victimologie, contre un comportementalisme qui confondrait le délire et l'erreur car nier la folie, c'est nier l'humanité, et contre les déviations des psychanalystes eux-mêmes qui dénient progressivement la dimension thérapeutique de la psychanalyse alors que la psychanalyse est une pratique de soins. Comment transmettre, y compris théoriquement, pas seulement par une initiation, ce qui ne peut pas se dire ? Ce qui est, sinon d'avant le langage, ou du moins aux limites du langage ? Par un enseignement troué, où l'enseigné fait lui-même la moitié du chemin, pour que ce qui ne peut pas se dire soit entendu et subjectivé. Car le savoir-faire du psychanalyste est un savoir signé, qu'il s'agit de hisser au rang d'un savoir-vrai. La psychanalyse a besoin de la psychiatrie ; elle doit se confronter au fait psychotique mais en retour, la psychiatrie a besoin de la psychanalyse, car, quels que soient les progrès de la neurobiologie, il restera le « fait humain ».