bévacizumab et cancer du sein (AVASTIN°) : Un ajout peu utile et trop risqué
Date 2012, Vol 32, Num 340Revue : La revue Prescrire• Chez des femmes atteintes d'un cancer du sein métastasé, plusieurs protocoles de chimiothérapie anticancéreuse sont proposés, à base d'anthracyclines (en particulier épirubicine ou doxorubicine), de taxanes (docétaxel, paclitaxel), de capécitabine. • Le bévacizumab est devenu autorisé, en 2011, dans l'Union européenne, pour être associé à des chimiothérapies à base de capécitabine dans le cancer du sein, alors que dans le même temps son autorisation dans les cancers du sein a été retirée de ses indications aux États-Unis d'Amérique. C'est l'occasion de revenir sur l'ensemble de l'évaluation du bévacizumab dans les cancers du sein. • Le dossier d'évaluation clinique est centré sur 5 essais comparatifs: 3 en situation de première ligne (soit au total 2 695 patientes), 2 en situation de deuxième ligne (1 146 patientes). Dans aucun de ces essais, l'ajout de bévacizumab ne s'est traduit par un allongement de la durée de survie globale. En première ligne, la durée de survie sans aggravation du cancer n'a été au mieux allongée que de 5,5 mois. En deuxième ligne, les résultats en termes d'allongement de la durée de survie avant aggravation ont été divergents selon les essais. • Plusieurs synthèses méthodiques avec méta-analyses ont été réalisées pour mieux quantifier les risques d'effets indésirables. Lajout du bévacizumab à un taxane augmente la mortalité liée au traitement. Il multiplie par environ 5 la fréquence des hypertensions artérielles, par 4 les cas d'insuffisances cardiaques, par 2 les cas de perforations digestives et de thromboses veineuses. • En pratique, eu égard à la faible efficacité du bévacizumab dans le cancer du sein et aux risques importants auxquels il est associé, mieux vaut ne pas l'associer aux protocoles de chimiothérapie, quels qu'ils soient.