Freud avec la cocaïne: Préhistoire toxicologique de la psychanalyse
Auteurs : ASSOUN P1Il s'agit de revenir à l'épisode de la cocaïne repéré dans la préhistoire biographique freudienne (1884-1887) et de réouvrir le dossier désormais constitué en en dégageant les enjeux par une lecture critique précise. Quel rapport y a- t-il entre Sigmund Freud initiateur des études toxicologiques et le créateur de la psychanalyse ? On a là une expérience... d'expérimentateur sur les effets thérapeutiques de la substance toxique extraite des plantes de coca. Cette rencontre manquée avec la palme du découvreur, Freud ayant été coiffé sur le poteau par son collègue et ami Karl Koller, engage quelque chose d'essentiel. C'est un lien intime à la cocaïne qui se dégage, dont témoigne un véritable panégyrique. La cocaïne, en ses effets dynamisants et euphorisants, vient comme appoint maniaque au moment où Freud se confronte à l'énigme de l'inconscient et prend place dans le lien de transfert à Ernst von Fleischl-Marxow, victime de cette drogue dont Freud relativise par ailleurs la nuisance d'accoutumance. Surtout, au-delà, se dégage la fonction totémique et fétichiste qui permet à Freud de constituer l'objet même de son désir, ce qui livre la signification inconsciente de l'histoire. Ainsi l'épisode révèle-t-il, à l'examen symptomal des écrits et de l'histoire, ses vrais enjeux épistémologiques et cliniques, au plan de la praxis et du savoir de l'inconscient.