Boissons énergisantes en milieu étudiant: le produit, les raisons d'en consommer, leur association avec l'alcool
Auteurs : ARVERS P1Après les premix et autres alcopops, les boissons énergisantes, et le Red Bull® en particulier, ont fait leur apparition en France en 2008, après de nombreuses années d'interdiction (avis défavorables du Conseil supérieur d'hygiène publique de France depuis 1996), malgré l'avis du ministère de la Santé. Le 2 avril 2008, le Red Bull® était commercialisé sans taurine, ni glucuronolactone (1), mais avec de l'arginine, très peu de temps. En effet, le 15 juillet de la même année, le Red Bull® était commercialisé avec la composition originale (tableau I). Ces boissons sont populaires en Amérique du Nord depuis plusieurs décennies, et on trouve même maintenant des boissons contenant à la fois de l'alcool et de la caféine (Four Loko, par exemple, qui titre entre 6 et 10 degrés). Il existe des effets propres à la prise de caféine (2), analeptique cardiaque qui peut entraîner - chez des sujets à risque (diabétiques, malades du cœur, du foie ou du rein, ou troubles de l'humeur) - des palpitations, de la tachycardie, des pertes de connaissance, un arrêt cardiaque, voire le décès (3-5). Mais, c'est surtout l'association avec de l'alcool qui est dangereuse: les effets de l'ivresse sont masqués, entraînant alors une tolérance à l'alcool, une consommation d'alcool plus importante et plus fréquente (6-8), des prises de risque (sexe à risque, monter dans un véhicule avec un conducteur ivre, pas de port de la ceinture de sécurité), et la consommation de tabac, de médicaments hors prescription, de psychostimulants, comme les amphétamines (4-13). L'association alcool-caféine a été étudiée et a fait l'objet de nombreuses publications, aux États-Unis en particulier (4, 9, 13, 14). Ainsi, on a observé plus fréquemmentdes troubles psychiatriques (état dépressif majeur, trouble anxieux généralisé, trouble panique, personnalité antisociale) et une dépendance à divers substances psychoactives (alcool, cannabis, cocaïne). Nous avons effectué une étude auprès des étudiants de l'école de commerce de Grenoble (GEM) en 2011, lors de la publication du rapport Daoust sur les soirées étudiantes et les week-ends d'intégration.