Fragilité psychologique et psychologie du fragile
Auteurs : MALO P1La personne âgée est perçue comme fragile, puisque proche de la mort. Mais pour le psychologue, la notion de fragilité telle qu'elle est décrite dans la littérature médicale et scientifique n'est pas sans poser question. N'y a-t-il pas un risque que la fragilité ne devienne un préjugé supplémentaire sur la vieillesse? Montrer les personnes âgées comme fragiles induit un déséquilibre, un rapport du fort au faible qui place de fait les jeunes actifs en situation de domination. Le risque est aussi celui d'une médicalisation accrue du vieillissement, d'une réduction de l'autonomie du sujet à sa part fonctionnelle. Or, ce n'est bien souvent pas tant la question de la fragilité qui est centrale que celle de la vulnérabilité de l'individu au monde qui l'entoure. De plus, dans l'évaluation qui est faite de la fragilité, la subjectivité et les ressources psychiques du sujet ne sont pas prises en considération. Or, la possibilité pour la personne vieillissante de réaliser un travail psychique sur son vieillissement et sa finitude et la force de son axiologie intime sont aussi des facteurs essentiels d'un bon maintien de l'autonomie. Ainsi devrait-on intégrer pleinement les ressources psychiques, relationnelles et environnementales dans l'évaluation qui est faite de la fragilité.