Contexte et objectifs: les inégalités environnementales liées au bruit ― cumul de faibles statuts socio-économiques (SSE) et de probabilités d'exposition élevées ― ont été relativement peu étudiées contrairement aux inégalités liées à la pollution de l'air et aux risques industriels. L'objectif de cette étude est d'analyser le lien entre le SSE et l'exposition potentielle au bruit routier à l'échelle des Îlots regroupés pour l'information statistique (Iris) de Marseille. Méthode: cinq indicateurs de SSE ont été construits à partir des données du recensement de 2006, soit un indice synthétique de précarité, trois indices thématiques (économique, social, origine géographique) et un indice de mobilité de la population. Deux indicateurs d'exposition au bruit ont été calculés selon la directive européenne 2002/49/CE respectivement pour l'exposition au bruit durant 24 heures (L_den) et pour le bruit nocturne (L_n). Les liens entre les indicateurs de SSE et d'exposition au bruit ont été décrits à l'aide de diagrammes de Loess et analysés à l'aide de régressions spatiales. Résultats: aucune des relations observées entre les indicateurs d'exposition au bruit et ceux de SSE n'est linéaire, sauf la relation avec l'indice de mobilité. Après prise en compte des autocorrélations spatiales, le L_den et le L_n sont significativement plus élevés pour les classes intermédiaires de l'indice synthétique de précarité, mais non pour la classe la plus précaire. Des résultats similaires sont observés pour l'indice de précarité économique alors qu'aucun lien n'est observé avec l'indice de précarité sociale. La relation entre l'exposition au bruit et l'indice d'origine géographique était significative pour les parts faibles de personnes d'origine étrangère mais plus pour les parts plus élevées. Le L_den et le L_n augmentent avec l'indice de mobilité de la population. Conclusion: cette étude apporte des éléments originaux sur la thématique encore peu étudiée des inégalités sociales d'exposition au bruit routier. Les résultats sont discutés en fonction de la littérature et des hypothèses portant sur les mécanismes des inégalités environnementales ainsi que de la connaissance du territoire marseillais.