Quelle scientificité pour la psychanalyse ?
Auteurs : AUCOUTURIER V1Dans une perspective strictement philosophique, si l'on mesure la scientificité d'une discipline sur le modèle des sciences « dures », il n'est pas difficile d'attaquer la psychanalyse à propos de sa « scientificité ». Dès lors, plutôt que d'encourager ces critiques, nous partons de l'idée que des explications différentes peuvent servir des objectifs explicatifs différents, tout en étant valables, car c'est toujours à l'aune des objectifs explicatifs qu'elle s'est fixés qu'on peut juger de la validité d'une explication donnée. Ainsi, il n'y aurait pas un critère absolu, anhistorique et atemporel à partir duquel on pourrait juger de la validité d'une théorie explicative, mais toujours des critères et des contraintes épistémologiques relatifs à des objectifs explicatifs déterminés. La question se trouve alors déplacée: Quels sont les objectifs que se fixe la psychanalyse et comment (selon quelle grille de lecture) juger de la validité des explications psychanalytiques en fonction des objectifs qu'elle s'est fixés ? Nous articulons ensemble les questions relatives à la définition de l'objet de la psychanalyse (ce qu'elle théorise), à ses objectifs explicatifs (ce qu'elle cherche à expliquer ou à théoriser) et aux contraintes épistémologiques qui s'imposent à elle. Ce qui nous conduit à prendre en compte le rôle de la rationalisation des conduites pathologiques, de leur (ré-)insertion dans un scénario ou une histoire qui « fait sens » dans la cure psychanalytique.