Facteurs génétiques, activité Na/K ATPase et neuropathie chez les diabétiques
Auteurs : VAGUE P1, DUFAYET D, LAMOTTE M, MOUCHOT C, RACCAH D1Une prédisposition à développer une neuropathie en cas de diabète paraît exister. Elle est vraisemblablement génétique. Certains groupes ethniques, tels les Maghrébins sont plus enclins à développer une neuropathie. Identifier cette prédisposition permettrait de mieux cibler les interventions thérapeutiques préventives. Nous avons observé que l'activité Na/K ATPase étudiée dans la membrane des globules rouges, était plus faible chez les sujets diabétiques que chez les sujets contrôles et plus encore chez les patients atteints de neuropathie. Or une baisse de l'activité de cette enzyme est impliquée dans la pathogénie de la neuropathie diabétique et de plus, il existe des différences ethniques quant à ce niveau d'activité enzymatique. C'est pourquoi, nous avons comparé l'activité enzymatique Na/K ATPase chez des sujets Européens et des Maghrébins avec ou sans diabète et parmi les diabétiques avec ou sans neuropathie. Chez 46 sujets sains Européens, l'activité Na/K ATPase était plus élevée que chez 84 diabétiques insulino-dépendants (405 ± 16 nmol/mg Prot-1 h-1 versus 282 ± 10 p < 0,05) et parmi les diabétiques était plus basse chez ceux présentant une neuropathie (242 ± 19 versus 323 ± 12 p < 0,05). Chez 16 sujets contrôles d'origine Maghrébine, l'activité était plus basse que chez leurs homologues Européens (296 ± 26 p <0,05 Il en était de même pour 24 diabétiques (246 ± 20 p < 0,05). Une diminution de l'activité Na/K ATPase paraît donc être un facteur de prédisposition à la neuropathie. Elle expliquerait la propension des Maghrébins à développer une telle complication du diabète. Un polymorphisme de restriction existe sur le premier intron du gène ATPI Al codant pour l'isoforme alpha 1 de l'ATPase, isoforme prépondérante dans le tissu nerveux et exclusive dans les globules rouges. Chez les Européens, la présence de l'allèle restreint est très fortement associée à la neuropathie diabétique, conférant un risque relatif de 6,5. Elle s'associe à une activité Na/K ATPase plus basse, mais ceci seulement chez les diabétiques et pas chez les sujets sains. Ce fait suggère une intéraction entre les facteurs génétiques (polymorphisme de restriction de l'ATP1 A1) et d'environnement (le diabète) pour provoquer une baisse de l'activité ATPasique qui pourrait favoriser le développement de la neuropathie diabétique. Chez les Maghrébins, la diminution de l'activité Na/K ATPase n'est pas expliquée par la présence de ce polymorphisme. D'autres facteurs génétiques restent à identifier.