Nommer la douleur viscérale chez l'adulte: quels enjeux ?
Auteurs : KELLER P1Objectif: Plus que toute autre situation de souffrance, la douleur viscérale mobilise le « savoir du malade ». La médecine technoscientifique procède de telle manière qu'elle place ce savoir au second plan, mais l'ignore le plus souvent. Les patients se plaignent de cette évolution et certains médecins aussi. Alors que les malades désirent faire entendre leur vérité, les médecins se contentent volontiers de l'exactitude des informations délivrées par les outils technologiques mis à leur disposition. Dans ces conditions, le sujet porteur d'une souffrance viscérale peut être à la recherche d'un interlocuteur plus attentif. La méthode clinique en psychologie permet de prendre au sérieux cette démarche. Nous souhaitons présenter une réflexion originale sur le problème posé par la douleur viscérale, qui rappelle les aspects subjectifs que cette douleur représente pour le patient. Nous souhaitons par ailleurs souligner l'écart entre ces aspects singuliers et les procédures standardisées de la médecine technoscientifique. Méthode: Réflexion conceptuelle appuyée sur une analyse de cas. Résultats: La maladie de Crohn s'accompagne de douleurs importantes, variables en intensité comme en localisation. Pour le médecin, ces douleurs difficiles à identifier peuvent susciter de « pseudoexplications » et l'éloigner du diagnostic. Chez le patient, elles déclenchent certaines réactions liées à son histoire personnelle ; seule la méthode clinique permet de saisir le sens que ces réactions peuvent avoir pour lui. Conclusion: La prise en considération des aspects psychologiques de sa souffrance viscérale (digestive dans l'exemple choisi) permet au patient de poser la question du sens de cette souffrance. Il a donc besoin d'un interlocuteur pour explorer cette question. Le psychologue peut occuper cette fonction. Si le médecin n'est plus sollicité à propos du sens, il peut se consacrer au traitement de la souffrance du point de vue biologique.