Biologie du vieillissement
Auteurs : LE GALL J1, ARDAILLOU R1, TUBIANA M, NORDMANN M1Même s'il est inéluctable, le vieillissement est influençable. L'amélioration des conditions d'hygiène et la diminution de la morbidité ont allongé la durée de vie chez l'Homme ; mais la biologie nous apprend que la longévité dans les différentes espèces animales n'est pas une donnée fixe mais modulable en fonction des conditions expérimentales. Le vieillissement fait suite à une période de croissance, puis à une période de reproduction. Pour les uns, la mort survient lorsque l'immortalité de la lignée germinale a été assurée ; pour d'autres, elle est le résultat inévitable de l'usure cellulaire. Quatre processus moléculaires et cellulaires ont été particulièrement étudiés dans divers modèles expérimentaux, dont le ver C. elegans, la mouche D. melanogaster et la souris: - l'inhibition de l'axe insuline/ IGF-1 ; ― la production des espèces réactives de l'oxygène; ― le raccourcissement des télomères ; ― l'autophagie dans les lysosomes. Les maladies génétiques du vieillissement montrent l'importance des lamines qui constituent les filaments intermédiaires du noyau. Une mutation empêchant la maturation complète de la lamine A est la cause de la progeria. Il est difficile de proposer un marqueur biologique du vieillissement. On peut simplement réunir plusieurs paramètres biologiques dont l'augmentation est un facteur de risque de l'athérome et des maladies cardiovasculaires. Nos différents organes vieillissent avec des particularités propres: les vaisseaux deviennent rigides ; le cœur est envahi par la fibrose ; le cerveau subit la dégénérescence neurofibrillaire et des plaques séniles apparaissent ; la rétine est touchée par la dégénérescence maculaire liée à l'âge ; le fonctionnement rénal décline avec la diminution de la filtration glomérulaire ; les défenses immunitaires s'amenuisent ; la reproduction est un cas à part parce que, si la longévité s'est accrue, la chronologie du cycle reproductif et l'âge de la ménopause n'ont pas été modifiés ; la fréquence des cancers augmente avec l'âge. En raison de l'évolution des paramètres pharmacocinétiques et pharmacodynamiques, la thérapeutique doit être adaptée à l'âge. En conclusion, des recommandations sont formulées. L'exercice physique et le contrôle de l'apport alimentaire restent les seules mesures préventives validées du vieillissement; des études récentes contribuent à élucider le mécanisme de leurs effets.