Le traitement par biphosphonates (BP) a permis de réaliser un progrès important dans la prise en charge de la maladie de Paget, de l'ostéoporose et des tumeurs osseuses ostéolytiques. Mais, depuis 2003, des ostéonécroses du maxillaire (ONM) associées à la prise de biphosphonates (alendronate, pamidronate, risédronate, zolédronate, etc.) sont décrites. La majorité de ces cas est apparue avec les BP utilisés à fortes doses en intraveineux (i.v.) chez des patients traités en oncologie. Les ONM apparaissent chez 5 à 10% de ces patients après, en moyenne, 3 ans de traitement par BP. Cet effet est également décrit chez les patients traités par voie orale ou en i.v. pour une ostéoporose, mais avec une fréquence plus rare, environ 1 cas pour 100000. L'ostéonécrose peut être secondaire à l'inhibition du remodelage osseux produit par les BP, qui elle-même induirait une minéralisation osseuse excessive. De nombreux cas surviennent après une extraction bucco-dentaire ou une chirurgie alvéolo-dentaire. Le traitement actuel est conservateur: bain de bouche antiseptique, antibiotique en cas d'infection secondaire et débridement limité des surfaces nécrotiques. Les ONM constituent des effets dévastateurs des BP; elles sont associées à une morbidité et à un coût financier important pour le patient. Les cliniciens doivent être prévenus de ces effets et informer leurs patients du risque dentaire des BP. Le vieillissement de la population accroît le nombre de patients souffrant d'ostéoporose ou de cancers traités par BP. Les complications dentaires des BP vont donc à l'avenir poser un réel problème de santé publique.