Cet article analyse la notion de performance telle qu'elle est utilisée dans la recherche en esthétique du spectacle vivant, à travers le cas du maracatu de baque solto, forme spectaculaire dite traditionnelle du Pernambuco, État du Nordeste du Brésil. La catégorie dans laquelle le maracatu s'intègre à la culture populaire, la brincadeira, permet dans ses spécificités d'aborder les usages du corps dans leurs divers régimes d'immanence, même si ces usages construisent avant tout les conduites esthétiques de tout un groupe. À travers les différentes performativités, soit les corporéités esthétiques codifiées et systématisées, émergent les négociations et stratégies sociales auxquelles se prêtent les sujets en fonction de la spectacularité qu'ils veulent bien laisser apparaître. Derrière une forme « folklorisée » et mercantilisée par le carnaval, les techniques du corps et la connaissance de l'héritage performatif dont le maracatu provient montrent combien les construits d'une esthétique ne relèvent pas d'une performativité unique et isolable de l'expérience du quotidien, mais plutôt d'une pluralité de rapports que le performer entretient au monde. En utilisant les altérités surgies de ses pratiques, il élabore des jeux modelant l'espace et le temps avec lesquels il est en interaction.