Fin de vie, euthanasie, complexité
Auteurs : WOLF M1, HERVE C2Les problématiques posées par la fin de vie et notamment la controverse entre le recours aux soins palliatifs et à l'euthanasie ne peuvent continuer à être soumises à la société sous la forme d'éthiques de conviction qui n'intégreraient pas les différentes réalités des pratiques sociales, dont celle des professionnels soignants. Les arguments qui conditionnent les appréciations que l'on peut en faire sont souvent dépendants de situations cliniques complexes. Aussi s'avèrent nécessaires deux mouvements, l'un de déconstruction de la réalité ou de décomposition en niveaux ou sphères différentes, l'autre de réflexion éthique. En effet, la pensée peut alors prendre appui des spécificités de ces différents niveaux, ce qui permet alors d'alimenter une analyse éthique critique à partir des tensions développées par leurs différentes présences. Il s'agit de s'inspirer d'un raisonnement basé sur une autre logique que la logique aristotélicienne, logique qui admet notamment que deux éléments contraires, voire opposés puissent coexister en un même temps et en un même lieu. C'est le principe de tiers inclus. A partir de ce dernier, les tensions déployées par les différents niveaux de réalité considérés peuvent permettre d'envisager particulièrement le recours par le praticien à une exception d'euthanasie. Une telle approche argumentative permet de bénéficier, seulement ensuite, de créations de pensées qui peuvent être indépendantes des idéologies. Ainsi pourront être discernées les différentes actions possibles de celles qui parmi elles soient faisables. Ainsi peut s'évaluer éthiquement une action. Un débat éthique, multidisciplinaire - auquel est convié tout citoyen dans une modalité démocratique de ces confrontations de réalités différentes - vise à ce que chacun forme ses propres opinions qui peuvent être dépendantes des situations précises. C'est également dans des décisions qui prennent en compte une « écologie » de l'action que des actions (notamment l'exception d'euthanasie) pourront être régulées par une visée morale ou une éthique particulière à la société de manière à ce que les valeurs de personne humaine, de dignité et de liberté puissent éviter certaines actions des soignants pouvant être qualifiées de dérives.