Cet article s'intéresse aux modèles alimentaires mis en oeuvre au sein des familles, combinant plaisir, santé et préférences familiales, et aux façons dont les parents s'y prennent pour les transmettre aux enfants. Il montre que, face à la complexité du travail éducatif des parents et du travail d'apprentissage des enfants, des dérogations aux principes apparaissent toujours. Loin de signifier le désordre et la perte des repères normatifs, elles constituent un levier dans un dispositif éducatif nécessitant souplesse et adaptation. C'est aussi par elles que l'enfant construit ses propres normes alimentaires et, par là même, son individualité. Nous illustrerons ces phénomènes à partir des données issues d'entretiens et d'observations réalisés auprès d'enfants de 4 à 12 ans et de leurs parents.