Objectifs. Le rose bengale est un colorant vital dont la toxicité épithéliale est connue et survient habituellement en cas de perturbation de l'intégrité du film lacrymal, essentiellement au cours de la kératoconjonctivite sèche (KCS). Cette toxicité épithéliale se manifeste sous la forme d'une kératite microponctuée fine superficielle. Nous avons donné à cette kératopathie spécifique, le nom de micro-kératite ponctuée superficielle (MKPS) et avons cherché à savoir si elle résultait de la toxicité épithéliale intrinsèque ou de la phototoxicité du colorant. Méthodes. Dix neuf patients ont été répartis en 2 groupes. Dans le groupe I, nous avons réalisé un test au rose bengale (solution à 1 %) chez 9 patients à qui nous avons demandé de garder les yeux fermés (durée moyenne d'occlusion = 1'33), 4/9 ayant un œil sec avec kératite ponctuée superficielle (KPS). Dans le groupe II, nous avons réalisé le même test chez 10 patients (4/10 ayant un œil sec avec kératite ponctuée superficielle) à qui nous avons demandé de garder les yeux ouverts pendant toute la durée du test (durée moyenne d'ouverture = 1'57). Un œil restant exposé à la lumière bleue de la lampe à fente, tandis que l'autre œil était exposé à la lumière artificielle ambiante. Résultats. Les proportions de micro-kératite ponctuée superficielle sont respectivement de 67 % et 70 % dans les groupes I et II, sans différence statistiquement significative. Il apparaît que cette fréquence est plus élevée pour les yeux exposés à la lumière blanche (70 %) par rapport à ceux exposés à la lumière bleue (30 %). Ainsi, la micro-kératite ponctuée superficielle apparaît-elle plutôt comme la conséquence de la toxicité épithéliale intrinsèque du rose bengale.