Hallucinations psychotiques et énonciation : La voix dans la rencontre clinique
Auteurs : SAUVAGNAT F1L'auteur présente les rapports entre hallucination psychotique et énonciation dans la théorie psychanalytique lacanienne. Il montre qu'il existe une spécificité centrale de cette conception de l'énonciation, qui est sa dérivation à partir de la théorie de l'hallucination selon Jules Seglas; à ce titre elle se distingue, non seulement des théories anglo-saxonnes de la pragmatique de la parole, mais également des théories linguistiques de l'énonciation, initiées par E. Benveniste et R. Jakobson. Après avoir décrit les concepts empruntés par J. Lacan à Edouard Pichon et à Roman Jakobson, l'auteur commente l'article de J. Lacan Subversion du sujet et dialectique du désir, et montre que s'y trouve définie la séparation névrotique entre l'énonciation et l'énoncé, mais également une théorie de la subjectivité psychotique, selon trois aspects: la prépsychose comme équilibre fragile, le vécu hallucinatoire centré sur le code (néologismes) et le vécu hallucinatoire centré sur le message (insultes hallucinées, messages interrrompus). Deux aspects doivent dès lors être isolés dans la notion lacanienne d'énonciation: 1) la coupure ou séparation, liée au discordantiel pichonien, 2) la désignation du sujet, que J. Lacan théorise par une mise en équivalence entre la « personne ténue» pichonienne et le shifter jakobsonien C/M. De son côté, la notion pichonienne de personne étoffée est « corrigée » par J. Lacan qui y voit l'étoffe pulsionnelle du fantasme.