La conception classique de l'hidradénite suppurée est celle d'une maladie rare d'extrême gravité et dont le seul traitement est La chirurgie large d'exérèse. Cela fait de cette affection une maladie de chirurgiens que les dermatologues connaissent mal et, pour certains, préfèrent ne pas connaître. La méconnaissance du diagnostic est d'ailleurs généralisée dans le monde médical puisque le délai moyen de diagnostic entre les premières manifestations et la révélation au malade est en moyenne supérieure à 10 ans. Pendant longtemps les patients atteints de forme modérée ont traîné avec des diagnostics d'abcès et de furoncles. Une vision plus actuelle est celle d'une maladie d'une assez grande fréquence (supérieure ou égale à 1 % de la population) avec une très grande variété de sévérité et qui est accessible à des traitements médicaux. L'étude d'une cohorte de 164 patients consécutifs nous a permis de relever des caractéristiques : sex ratio F/H = 2,8/1 ; surpoids 42%; fumeurs 82% ; antécédents familiaux 30% ; localisations préférentielles aux fesses chez les hommes, dans les plis inguinaux chez la femme. Il apparaît surtout que même dans les formes «mineures» les douleurs et la suppuration soient importantes, entraînant une détérioration importante de la qualité de vie. Lémergence des traitements médicaux efficaces rend nécessaire l'utilisation d'un critère de jugement de la sévérité de la maladie qui soit plus adapté à une maladie médicale évolutive qu'à une maladie chirurgicale relevant d'exérèses larges. Dans ce sens nous avons développé un score tenant compte de l'importance de la douleur, jugée sur échelle visuelle analogique et sur le nombre de jours douloureux, et nous l'avons corrélé aux autres scores pré-existants. Un traitement médical par association rifampicine dalacine a été donné à 42 patients atteints de formes sévères, avec des résultats très intéressants et relativement durables. Ce traitement peut aujourd'hui être considéré comme un traitement médical de référence dans les formes sévères. La maladie de Verneuil, longtemps mal aimée des médecins, constitue un champ d'investigation génétique, clinique, nosologique et thérapeutique riche de promesses.