L'article de Asseman et Eyzat sur l'histoire des bêtabloquants [1] mérite d'être complété par un aspect peu connu mais illustratif à bien des égards des défis épistémologiques de la science et de l'art médicaux. Cela commence au début de la décennie 1970. On savait que nombre de décès tardifs - environ la moitié - chez les survivants d'un infarctus aigu du myocarde survenaient subitement, sans prodromes. Par analogie avec la fibrillation ventriculaire observée chez le chien après ligature de l'artère interventriculaire antérieure, on supposa que ces décès subits étaient consécutifs à un trouble rythmique ventriculaire induit par une nouvelle thrombose coronaire, ou au minimum une baisse soudaine du flux conduisant à une ischémie. Or la fibrillation ventriculaire du chien était favorisée par l'administration d'un sympathicomimétique et partiellement prévenue par le blocage du système sympathique...