En France, l’histoire naturelle de l’hépatite chronique C est mieux connue, avec une augmentation prévisible de la mortalité imputable à cette épidémie pendant les vingt prochaines années [1, 2]. L’amélioration spectaculaire de l’efficacité des traitements ces dix dernières années et l’augmentation du dépistage laissent cependant espérer que ces prévisions seront réduites à la baisse. L’hépatite C est une maladie potentiellement grave et les traitements dont on dispose sont efficaces grâce à deux acquisitions thérapeutiques récentes. L’émergence de la bithérapie, d’une part, qui permet une rémission virologique prolongée chez presque la moitié des patients et les met théoriquement à l’abri de la cirrhose et de ses complications. D’autre part, la constatation, même chez les non-répondeurs, d’un ralentissement de la vitesse de progression de la fibrose sous interféron qui permet théoriquement de retarder la constitution de la cirrhose qui demeure l’élément péjoratif de la maladie. Les bénéfices attendus du traitement sont, pour la cirrhose, une réduction de moitié de l’incidence annuelle et pour le CHC une réduction des deux tiers. Les patients nécessitant impérativement un traitement sont ceux susceptibles d’avoir une évolution fibrosante, ceux ayant des manifestations extrahépatiques gênantes et ceux qui peuvent transmettre le virus. En pratique, l’indication thérapeutique est indiscutable à partir d’un score de fibrose F2. Pour les scores moins élevés l’indication se discute en fonction de certains critères (durée depuis la contamination, âge du patient, immunosuppression, manifestations extrahépatiques, professions de santé, toxicomanes avec conduites contaminatrices, prostitution). L’évolution future des traitements et l’avènement de nouvelles molécules ayant un meilleur rapport bénéfice/risque inciteront peut-être à traiter tous les sujets infectés pour éliminer les réservoirs de virus.