Balint et iatrogénie
Auteurs : DELAHOUSSE J, GUYOTAT JDate 1999, Num 40, pp 111-126Revue : Confrontations psychiatriquesLa médecine actuelle se caractérise par une technologie de plus en plus performante dont l'inévitable rançon est un appauvrissement relationnel; de ce fait, il y a un risque d'abus de réponses techniques à des plaintes ou à une souffrance subjective de nature non organique. La pratique Balint est une tentative de substituer à cette médicalisation excessive et iatrogène une approche relationnelle plus adéquate. A partir de cas cliniques présentés en groupe par les médecins participants, le travail, animé par un leader psychanalyste, porte sur la relation et l'implication subjective du présentateur. L'expérience montre que si un tel travail - de diffusion actuellement limitée - permet de lutter efficacement contre l'iatrogénie, il peut avoir d'autres inconvénients parmi lesquels une tendance à psychologiser de façon vaine, voire à négliger ou à scotomiser l'organicité. Il appartient aux animateurs de tenir compte de ces possibles effets négatifs, ce qui les amène chemin faisant à repérer la nécessité et les limites des mécanismes de défense permettant la fonction médicale. Au fil d'un tel travail, il y a nécessité à tenir compte et d'une manière toujours individuelle de ces deux défauts inverses que sont un activisme iatrogénique excessif ou un risque d'incurie et de négligence. Si le but du Balint est d'aider le médecin à exercer son métier de manière optimale amalgamant une technique rigoureuse et une relation de qualité, cela passe nécessairement par la qualité et donc par la formation rigoureuse des animateurs.