Y a-t-il toujours de la malveillance lorsqu'on secoue un enfant ou comment reconnaître la maltraitance ?
Auteurs : ROUSSEY M, TREGUIER C1Le syndrome de l'enfant secoué a été décrit comme une forme de maltraitance à enfant en 1971, mais depuis quelques années, on est de plus en plus souvent confronté à des tableaux neurologiques graves du nourrisson, avec lésions cérébro-méningées, secondaires à des secousses spontanément signalées par les parents ou l'assistante maternelle, qui les ont pratiquées après que l'enfant ait fait un malaise. Mais quelle est la réalité du malaise ? Celui-ci a-t-il précédé ou suivi les secousses ? L'interrogatoire des parents et l'anamnèse psychosociale familiale sont bien sûr une aide essentielle au diagnostic, au même titre qu'un examen osseux complet ou que la recherche étiologique du malaise. L'imagerie cérébrale précisera au mieux l'importance des dégâts cérébraux en essayant de les dater. Mais la radiographie du squelette peut être mise en défaut ; la scintigraphie osseuse peut alors apporter une aide précieuse en mettant en évidence des images d'hyperfixation évocatrices de fractures, alors même qu'elles ne sont pas visibles sur la radiographie. Il est alors classique de dire que s'il y a présence de fractures, notamment de côtes, le diagnostic de sévices est hautement probable, une réanimation par massage cardiaque ou secousses violentes occasionnant rarement des fractures. Mais là encore la situation n'est pas toujours aussi simple et il faut parfois refaire les radiographies à distance pour que les fractures de côtes soient visibles au stade de cals osseux. Ainsi, malgré ces investigations complémentaires, le diagnostic de maltraitance reste toujours difficile et la décision quant à un éventuel signalement judiciaire délicate.