Aller toujours plus vers une bientraitance de la personne âgée, telle doit être la préoccupation de tous les intervenants en milieu institutionnel. Dans cet esprit, des soignantes Sophie Noël et Minouche Saber, font état de leur expérience, de leurs projets, de leur écoute, dans un souci de complémentarité. Être dans une position de bientraitance, c'est, notamment démasquer et lutter contre la maltraitance qui se manifeste par des actes ou des omissions traduisant un manque de respect de la personne âgée. La bientraitance est aussi une qualité en soi de prévenance qui devrait devenir naturelle, constituer la normalité. Ce n'est pas facile pour de multiples raisons tenant à l'institution, à la situation de la personne âgée, à l'interprétation de ce qui est bien pour elle. Face à des taches demandant temps et attention, l'institution dispose de peu de personnel, les postes budgétaires étant limités et pas toujours occupés, l'absence de valorisation de la mission soignante en gériatrie a pour conséquence une pénurie de candidatures. Le personnel doit adapter son comportement à des situations que vivent mal les personnes âgées : l'entrée en institution avec en filigrane une rupture sans doute définitive avec le milieu familier, une certaine perte d'intimité... Il lui faut aussi trouver une juste distance dans une attitude de bienveillance mais sans familiarité excessive. L'objectif est de maintenir, voire d'améliorer l'autonomie de la personne âgée, assurer sa sécurité... C'est l'objectif mais à quel prix? De l'interprétation dépendra la conduite pratique. La personne âgée a besoin d'être stimulée pour qu'elle puisse réapprendre ou continuer à marcher mais elle n'en a pas toujours envie. Faut-il utiliser des moyens de contention ou peut-on prendre le risque de ne pas l'attacher? Entre acharnement thérapeutique et abandon il faut trouver la moins mauvaise solution, ce qui nécessite compétence, réflexion, et sens de l'éthique. Dans cette démarche vers la bientraitance, la direction de l'établissement est fortement impliquée. La bientraitance est d'autant plus facilitée que le personnel est également considéré et bientraité dans le cadre d'une organisation bien pensée et d'une formation prise en considération. Les accompagnants bénévoles apportent par surcroît une bouffée d'oxygène aux personnes âgées en phase critique, à leurs familles, et aussi aux soignants.