«Nous sommes toujours séparés de sommeil... » Essai sur le lieu où se crée la « Recherche »
Auteurs : PETITIER ADate 1999, Vol 63, Num 2, pp 704-705Revue : Revue française de psychanalyseFace à l'inexorable fuite de la vie et des êtres, Proust répond en concordance avec le souhait de sa mère voulant, pour lui épargner la souffrance, qu'il se prépare à se passer d'elle. Le modèle de cette préparation à l'inéluctable absence pourrait être la tombée du jour offrant à la pensée une image de continuité dans sa variation progressive. Mais la nuit viendra établir son implacable souveraineté; ses avertissements donnant tension et nécessité à ce travail. Ainsi la pensée crée-t-elle le monde onirique de la Recherche, liant le travail de la mort de près, de loin, de toutes les façons possibles, dans une mobilité en accord avec les variations extérieures. Tel se crée le monde de la métamorphose par des analogies issues de l'incitation de l'imagination et se traduisant dans les métaphores puissantes de l'écriture. Zone intermédiaire où se rejoignent les contradictions, restant dans la tension entre ciel et terre, là où se construit ce que ne peut rêver la philosophie... Ainsi l'absence ne rompra pas « les fils mystérieux où mon coeur est lié » dit Proust, citant Victor Hugo.