Justice et psychiatrie, indépendance et interdépendance : L'évolution historique des rapports de la justice et de la psychiatrie. Discussion
Auteurs : PORTELLI S, LOUYS J, MAXIMIN M, BOKOBZA H, FROGER Y, CANN Y, GIRAUD H, CRISTOFARI P, CHARBIT P1L'auteur tente d'aborder le thème général de la complémentarité de la justice et de la psychiatrie, de leur indépendance mais aussi de leur interdépendance. La psychiatrie devient dans notre nouveau monde, en apparence hautement sécurisé, l'un des meilleurs garants d'une tolérance zéro, l'une des armes infaillibles de lutte contre la folie, le crime, la récidive, les conduites dangereuses, les déviances sexuelles, bref contre la peur et une part de nous-mêmes... Face à leur situation budgétairement dramatique, justice et psychiatrie doivent apprendre toutes deux à gérer la pénurie, à réduire leurs ambitions, à définir de nouvelles priorités et à se recentrer sur leurs valeurs essentielles. Encore faut-il les connaître. Justice et psychiatrie gèrent des secteurs de la vie sociale qui donnent particulièrement prise à la peur. On en retrouve tous les ingrédients : le sexe, la violence, la mort, la souffrance... Devant ce mélange détonnant, il n'est pas étonnant que la simplicité soit préférée à la réflexion. L'utilisation de la criminalité à des fins électoralistes et la montée de l'intérêt pour les victimes dans l'opinion publique font qu'il faut de plus en plus de courage pour prononcer un non-lieu. Que la société veuille se protéger des délinquants, prévenir la récidive, respecter les victimes, qui pourrait le lui contester ? Une société qui voudrait juger ses fous méconnaîtrait tout autant le sens de la maladie que celui du jugement, la signification du soin que celle de la sanction.