Faire moins pour faire mieux
Auteurs : CRETON DDate 2006, Vol 59, Num 2, pp 135-140Revue : PhlébologieLes progrès techniques de la chirurgie d'exérèse sont arrivés à maturité. Nous savons faire des crossectomies avec des incisions presque invisibles et avec des artifices limitant le risque de néo-vascularisation. La maîtrise de l'invagination nous a permis de réaliser des strippings longs avec seulement 2 % de lésions neurologiques et la pratique de l'anesthésie locale réduit ce risque à presque rien. L'utilisation du Pin-stripper nous a permis de retirer un tronc saphène par une mini-incision de 2 millimètres. Les techniques d'oblitération endoveineuse thermique ou chimique permettent de supprimer les troncs saphènes sans les enlever. La plupart de ces techniques sont réalisées sous anesthésie locale en ambulatoire avec un niveau de douleur postopératoire faible. Mais à quoi servent toutes ces techniques si elles ne sont pas contraintes par un raisonnement hémodynamique ? En effet les progrès dans les explorations hémodynamiques ont rendu obsolètes ou moins urgents beaucoup de ces progrès techniques. L'insuffisance de la valve terminale n'existe que dans 55 % des cas d'incontinence de la grande veine saphène, et, si on considère l'insuffisance ou l'absence de la valve fémorale supra-saphène (41 %), cela ne rend la crossectomie indispensable que dans 33 % des incontinences tronculaires. Quand le tronc saphène est incontinent il l'est jusqu'à la malléole seulement dans 5 % des cas. De même, en supprimant les collatérales saphènes incontinentes, le tronc saphène proximal retrouve un diamètre normal et souvent une continence normale (ASVAL). Il est probable que certaines récidives viennent de la suppression inutile de la jonction saphéno-fémorale ou de tout le drainage de la grande veine saphène. La précision des explorations hémodynamiques devrait nous permettre de réduire encore le nombre d'exérèses sans perdre en efficacité et peut-être même en améliorant nos résultats. Il faudra veiller à ce que ces nouvelles techniques ne nous poussent pas, par facilité, à supprimer inutilement des veines.