Herméneutique spontanée de la fausse croyance chez les enfants de trois à six ans
Auteurs : BRADMETZ J1La théorie de l'esprit postule que la conduite est spontanément interprétée comme une fonction des désirs et des croyances. Les travaux expérimentaux, en nombre considérable depuis 1983, mettent pour la plupart en évidence que l'enfant de moins de quatre ans n'a pas encore conceptuellement élaboré la fausse croyance et qu'il se trouve de ce fait dans l'impossibilité d'interpréter les situations de méprise et de tromperie. La présente étude s'intéresse aux justifications spontanées que les enfants de trois à six ans et demi donnent de la conduite d'un héros qui agit sur la base d'une fausse croyance. Les stimuli sont des situations simples, filmées avec trois personnages au maximum, et qui leur sont présentées en vidéo. L'hypothèse est que les enfants qui ne disposent pas de la croyance vont justifier la conduite du héros par ses désirs ou bien vont évoquer des traits matériels de la situation, mais ne prendront pas en compte le fait que l'action a échoué. Si cette hypothèse est vérifiée dans ses grandes lignes, les observations réalisées ne permettent toutefois pas de supposer un changement conceptuel brutal et homogène dans la cinquième année, en raison d'un effet des aspects sémantiques des situations et d'une variabilité intra-individuelle assez importante.