Parmi les patients céphalalgiques, la prévalence des migraineux en France est estimée à 12% de la population générale adulte. Cependant, il ressort d'études précédentes, qu'une proportion importante de migraineux n'est pas suivie régulièrement pour ses céphalées et que ces patients ont tendance à s'automédiquer. Les objectifs de l'étude étaient d'évaluer parmi les consultants en médecine générale, la proportion de migraineux non identifiés et comparer les profils cliniques des migraineux identifiés (MI) et non identifiés (MNI) et des céphalalgiques non migraineux (CNM). L'enquête a été réalisée sur un échantillon de médecins généralistes (MG) recrutés après tirage au sort. Pour chacun de ces MG, les données d'une journée complète de consultation ont été recueillies par un enquêteur au cabinet du médecin, qui a remis à chaque consultant, âgé de 18 à 65 ans, quel que soit le motif de consultation, un questionnaire individuel. Parallèlement, les MG ont rempli pour chaque consultant une fiche de diagnostic de consultation et de comorbidité. La définition des migraineux a été faite en fonction de l'algorithme diagnostique de la migraine de Michel et al. (1993), basé sur les critères de l'IHS (International Headache Society). Au total, 175 MG répartis sur toute la France ont recruté 2 353 patients. La prévalence de la migraine était de 14,9% (8% chez les hommes et 19% chez les femmes); 6,3 % étaient identifiés migraineux et 8,6% ne l'étaient pas. La prévalence des céphalées non migraineuses était de 62,8% et 14,1% des patients étaient considérés migraineux alors qu'ils ne l'étaient pas selon les critères IHS. L'intensité de la douleur était plus importante chez les MI que chez les MNI (p< 0,001). Les nausées et/ou vomissements étaient plus fréquents chez les MI (73 %) que chez les MNI (43%) (p< 0,001). II en était de même pour le retentissement sur les activités habituelles et pour la fréquence des crises. Les MI consultaient plus souvent spécifiquement pour leurs maux de tête (70%) que les MNI (29%; p< 0,001). Quarante-six pour cent des migraineux (Ml et MNI) avaient déjà consulté spécifiquement pour maux de tête versus 25% des CNM (p< 0,001). Quarante-huit pour cent des Ml déclaraient prendre plusieurs médicaments pour leurs céphalées versus 25 % des MNI (p = 0,002), et seulement 19% des CNM (p< 0,001 versus l'ensemble des migraineux). L'automédication était plus fréquente chez les MNI que chez les MI (p< 0,001). La sévérité des céphalées était plus importante chez les MI que chez les MNI (p< 0,001) et plus importante chez les migraineux (MI et MNI) que chez les CNM (p<0,001). En conclusion: les résultats de cette étude montrent que la migraine est une pathologie fréquente en médecine générale et qu'elle demeure encore largement sous-diagnostiquée. La sévérité des céphalées chez les MNI est moindre que chez les MI, mais elle est nettement plus importante que chez les CNM. II apparaît important d'insister sur le dépistage de la migraine et d'améliorer sa prise en charge.