Si la détermination de groupes fonctionnels, unités élémentaires de la diversité fonctionnelle, est indispensable à la compréhension du fonctionnement des écosystèmes, il convient également de tenir compte de la variabilité spécifique à l'intérieur de ces groupes. En effet, l'incidence des différentes espèces d'un même groupe sur les propriétés d'un écosystème peut fortement varier. Des expériences menées in vitro avec deux espèces de mollusques bivalves de sables vaseux, Ruditapes decussatus et Venerupis aurea, ont permis, à l'aide de traceurs particulaires luminescents, de mettre en évidence un même type de remaniement sédimentaire, de type biodiffusif, pour les deux espèces mais avec des intensités différentes. L'application du modèle des biodiffuseurs permet d'estimer un taux de diffusion biologique plus de deux fois supérieur pour R. decussatus (R_d^* = 14 10^-1 cm² d^-1) que pour V. aurea (R_d^* = 6,25 10^-3 cm² d^-1) et des coefficients de fuite vers la colonne d'eau évoluant en sens inverse (f^* = 0,0135 cm d^-1 pour R. decussatus et f^* = 0,028 cm d^-1 pour V. aurea). Par un enfouissement plus important et plus rapide de la matière organique qui se dépose au niveau de l'interface eau-sédiment, R. decussatus aura donc un effet différent de V. aurea sur les processus de diagenèse précoce et sur la disponibilité de la matière organique au sein de la colonne sédimentaire pour les autres organismes benthiques.