Nouveaux aspects de l'endocardite infectieuse : impact sur la prise en charge thérapeutique
Auteurs : CHIROUZE C1, HOEN B1Le profil épidémiologique des endocardites infectieuses (EI) s'est considérablement modifié ces dernières années. Actuellement l'EI touche des sujets plus âgés, dont une proportion significative n'est pas identifiée comme ayant une valvulopathie. Les sujets ayant une valvulopathie ont plus souvent une prothèse valvulaire qu'une valvulopathie sur valve native. La réalisation de procédures invasives à risque d'infection bactériémique ou l'utilisation de drogues par voie intraveineuse sont devenues des portes d'entrée plus fréquentes que les soins dentaires. Cette évolution a entraîné une modification de la répartition des micro-organismes responsables. Staphylococcus aureus est devenu le premier micro-organisme responsable d'EI, avec cependant des disparités géographiques. Aux États-Unis, il existe une augmentation de la proportion des El à Staphylococcus aureus accompagnée d'une diminution des EI à streptocoques oraux. En France, la diminution des EI à streptocoques oraux est compensée plus par l'augmentation des El à streptocoques du groupe D que par celles à staphylocoques. Globalement en Europe, on note une proportion plus importante des EI à streptocoques du groupe D par rapport aux États-Unis, à l'Australie ou la Nouvelle-Zélande. Ces changements épidémiologiques ont eu un impact sur la prise en charge thérapeutique et la prophylaxie de cette maladie. L'apparition de souches résistantes aux anti-infectieux oblige à évaluer ou développer de nouvelles options thérapeutiques: nouveaux antibiotiques anti-staphylococciques, immunoglobulines humaines anti-staphylococciques ou vaccin anti-staphylococcique pour les populations à risque. Enfin, les nouvelles recommandations en terme de prophylaxie distinguent maintenant 2 groupes de cardiopathies à risque d'EI et trois niveaux d'indication d'antibioprophylaxie.