Les incivilités urbaines constituent un véritable langage symbolique, qui témoigne de l'état des relations entre les générations. Pour mettre en évidence des normes spécifiques - jeunes/adultes - régissant les codes de comportements désirables en ville, nous avons construit deux échelles : la première mesure la fréquence perçue des incivilités, la seconde mesure leur degré d'excusabilité. Nous avons comparé un échantillon d'adolescents lycéens et un échantillon d'adultes. Puis, un nouveau protocole a permis d'accéder à la représentation que se font les jeunes de la tolérance des adultes à l'égard des incivilités. Une analyse en composantes principales fait ressortir quatre types d'incivilités : comportements répréhensibles, indices d'appropriation spatiale déviante, comportements anti-sociaux et indices d'abandon du paysage urbain. Globalement, on observe que les incivilités les plus inexcusables sont celles qui laissent une trace dans l'environnement physique et les moins graves, celles qui portent sur les comportements anti-sociaux attribués aux jeunes. Les résultats, obtenus à partir de l'analyse en composantes principales et de l'analyses de variance, ont permis de révéler que les adolescents perçoivent toutes les incivilités comme plus fréquentes que les adultes. Si, globalement, il n'y pas de différence entre adolescents et adultes concernant l'excusabilité des comportements incivils, on observe que les adolescents surestiment largement la sévérité des adultes alors que ceux-ci se révèlent relativement plus tolérants. En définitive, cette thématique semble susceptible d'éclairer la question des asymétries ces attitudes des jeunes et des adultes, qui s'expriment dans l'environnement urbain.