Des greffes d'ébauches d'ovaires présomptifs ont été réalisées aux stades embryonnaires entre les Amphibiens Urodèles Pleurodeles waltl Michah., Ambystoma mexicanum Shaw et Triturus alpestris Laur. La tolérance des ébauches dépend de l'histocompatibilité des xénogreffes embryonnaires dont certaines atteignent la maturité sexuelle et sont fonctionnelles. Sur 293 greffes embryonnaires, l'ébauche gonadique s'est différenciée en ovaire chez 63 animaux parmi lesquels 13 ont émis des oeufs issus de l'ébauche greffée. C'est ainsi que des Pleurodèles, en plus de leurs propres oeufs, ont émis des oeufs d'Axolotl ou des oeufs de Triton alpestre. Des pontes hétérologues sont également possibles à la suite de transplantations d'ovaires juvéniles xénogéniques chez de jeunes animaux, femelles ou mâles, préalablement castrés. Sur 208 transplantations, les ovaires juvéniles ont été tolérés chez 105 animaux parmi lesquels 28 ont pondu uniquement les oeufs issus des ovaires transplantés. La tolérance des ovaires intervient dans les mêmes associations interspécifiques que les xénogreffes embryonnaires, ce qui a permis au Pleurodèle de pondre uniquement des oeufs d'Axolotl ou des oeufs de Triton alpestre. De même le Triton alpestre peut pondre uniquement des oeufs de Pleurodèle. Quand ils sont émis par un Pleurodèle, les œufs d'Axolotl sont entourés par une gangue produite par le Pleurodèle et sont fécondés par des spermatozoïdes de Pleurodèle. Ils amorcent parfois une segmentation anormale (fragmentation) et se cytolysent. Mais ils peuvent encore être fécondés artificiellement dans les heures qui suivent leur émission par des spermatozoïdes d'Axolotl. Ils ont alors un développement normal, cependant les jeunes larves d'Axolotl éprouvent de grandes difficultés au moment de l'éclosion pour se débarrasser de la gangue Pleurodèle. Les ovocytes d'Axolotl qui ont effectué tout leur accroissement et même pour certains d'entre eux, toute leur cytodifférenciation depuis la cellule germinale primordiale dans l'organisme du Pleurodèle, ne semblent pas, en apparence, avoir intégré d'informations en provenance de l'hôte étranger. Néanmoins, les xénogreffes embryonnaires et les xénotransplantations ovariennes pourraient être des techniques originales pour tenter de la transgenèse chez les Amphibiens Urodèles.