Quand des pathologies protéiques expliquent les maladies neurodégénératives
Auteurs : THOMAS P1L'approche quantitative neuropsychiatrique a permis d'obtenir un nombre croissant de phénotypes comportementaux associés aux désordres neuro-dégénératifs. Les maladies dégénératives du cerveau résultent d'altérations du métabolisme des protéines, avec un trouble de la dégradation protéique par le système des ubiquitinprotéosomes, une production d'oligomères peptidiques neurotoxiques et/ou une accumulation de dépôts protéiques intracellulaires. Les anomalies du peptide béta-amyloïde, de la protéine alphasynucleine et de la protéine tau hyperphosphorylées rendent compte de plus de 90% des démences dégénératives. Les systèmes neuro-anatomiques sont fonctionnellement reliés. Ils présentent des caractéristiques métaboliques communes et partagent une vulnérabilité liée aux anomalies du métabolisme de certaines protéines. Les anomalies cliniques qui en résultent, constituent ainsi une base phénotypique qui reflète une ou des anomalies du métabolisme protéique sous-jacent (protéotype). Les malades avec des altérations de l'alpha-synucléine sont particulièrement enclins aux hallucinations, au délire et aux pathologies comportementales liés à certaines phases du sommeil paradoxal (Mouvement oculaire rapide). Les malades avec des taupathies manifestent une désinhibition disproportionnée et une apathie, et peuvent présenter des troubles compulsifs. La maladie d'Alzheimer est une triple protéinopathie avec des anomalies du peptide béta-amyloïde, de la protéine tau et de l'alpha-synucleine, conduisant à des phénotypes comportementaux complexes. Cette approche moléculaire de la neuropsychiatrie peut aider à comprendre les mécanismes des maladies dégénératives, à clarifier la physiopathologie des symptômes neuropsychiques et peut contribuer au développement des thérapeutiques modulant le cours de ces maladies.