Botanique, chimie et toxicologie des solanacées hallucinogènes : belladone, datura, jusquiame, mandragore
Auteurs : GOULLE J1, PEPIN G2, DUMESTRE-TOULET V3, LACROIX C1Ces quatre plantes de la famille des Solanaceae ont une histoire riche de légendes et de superstitions. Pendant plusieurs siècles, on donna à la mandragore un caractère magique, et des propriétés médicinales, mais elle n'est plus utilisée aujourd'hui. En revanche les trois autres plantes le sont encore pour leurs vertus médicinales, surtout en homéopathie. En médecine allopathique, outre l'atropine et son oxyde, on trouve des spécialités contenant de la scopolamine mais également de la poudre de belladone, ou de l'hyoscyamine. Après une description botanique de la belladone, de la jusquiame, du datura, et de la mandragore, les auteurs précisent la nature et la structure des alcaloïdes contenus dans ces végétaux : l'hyoscyamine, la scopolamine et l'atropine. Chez l'homme, ces alcaloïdes exercent une action parasympatholytique pouvant conduire en cas d'intoxication à un syndrome atropinique ou anticholinergique. Celui-ci est caractérisé par un blocage de la production d'acétylcholine dans les synapses du système nerveux central et périphérique. Les principaux signes cliniques associés au blocage périphérique sont mydriase, sécheresse cutanée et muqueuse, vasodilatation et tachycardie. Le blocage central est responsable de confusion, d'agitation, d'hallucinations, de myoclonies, de convulsions, de coma et de dépression respiratoire. Lors de certaines intoxications, d'authentiques syndromes atropiniques peuvent être constatés. Bien que rares, ils peuvent cependant être mortels malgré le traitement symptomatique et la réanimation. Des observations d'intoxications sont présentées. Parmi les 150 000 intoxications signalées chaque année aux centres antipoison français, les végétaux représentent moins de 3 % des cas, mais dans l'enquête sur la consommation de drogues réalisée en 2002 chez les jeunes gens de 17 à 19 ans par l'observatoire français des drogues et des toxicomanies, le datura est cité en sixième position parmi les principales autres drogues. L'analyse toxicologique de ces composés est extrêmement délicate en raison des faibles concentrations susceptibles d'exercer une action pharmacologique. Celle-ci fait principalement appel à la chromatographie en phase liquide couplée à la détection de masse (CL-SM), et à la détection de masse en mode tandem (CLHP-SM/SM).