Le rôle du basophile est longtemps et exclusivement resté associé à la phase immédiate de la réponse inflammatoire allergique IgE-dépendante, du fait de ses capacités prédominantes de synthèse des médiateurs de l'inflammation (histamine, leucotriènes, prostaglandines...). La dégranulation des basophiles est responsable des modifications anatomiques bronchovasculaires (vasoconscriction, bronchoconstriction, production de mucus, et oedème), qui accompagnent et expliquent en partie les symptômes de la réponse allergique chez l'asthmatique [36]. Ainsi, le basophile partage avec le mastocyte une place prépondérante dans le développement de la réponse allergique immédiate et l'anaphylaxie. L'expression du récepteur de haute affinité pour les IgE (FceRl) par le basophile et le mastocyte explique cette fonctionnalité partagée, le pontage des IgE spécifiques de surface par l'antigène étant responsable de leur dégranulation. Cependant, la contribution respective du basophile et du mastocyte dans ce processus physiopathologique reste mal définie. Les basophiles sont essentiellement des cellules du sang périphérique, susceptibles d'être recrutés au sein des foyers inflammatoires, tandis que les mastocytes ont une localisation tissulaire et muqueuse préférentielle ou exclusive. La production des cytokines de type 2 (Th2, T helper 2) reste encore souvent attribuée de manière quasi exclusive au lymphocyte T [48]. La découverte secondaire des propriétés d'expression de l'interleukine (IL) 4 et de l'IL-13 par le basophile [34, 56], après pontage de ses IgE membranaires spécifiques, par un antigène, a ouvert de nouvelles perspectives fonctionnelles. Ces deux cytokines sont en effet attachées au développement et à l'amplification de nombreuses étapes de la réponse allergique : 1) production des IgE par la cellule B [26], 2) expression endothéliale de la molécule VCAM-1 (vascular cell adhesion molecule 1) nécessaire au trafic cellulaire et au recrutement local des cellules inflammatoires [7], 3) expression de molécules de costimulation sur la cellule B [54], 4) différenciation des lymphocytes T et acquisition du phénotype de production des cytokines de type 2 induites par l'IL-4 [1]. Enfin le basophile est identifié au sein des foyers inflammatoire accompagnant la réaction allergique [38]. L'ensemble de ces éléments suggère que le basophile, à côté de la cellule T, puisse tenir une place déterminante dans le développement de la réponse inflammatoire.